jeudi 10 décembre 2009

Quelques lumières



"Il y eut d'abord quelques lumières.
D'abord sporadiques, puis de plus en plus nombreuses. Comme une pluie de lucioles religieusement silencieuses, tombant d'un plafond noir et cireux.
Il y eut d'abord quelques lumières puis se furent des traînées blanches, pleines de filaments, étirées à l'infini, prêtes à se rompre au moindre coup de vent.
On sent la fragilité de ces êtres de lumières, qui virevoltent paresseusement dans l'air poussiéreux, tombant, flottant, flottant et tombant dans des courbes peu naturelles.
Les traînées deviennent des voiles, les voiles des rideaux et de rideaux en rideaux, c'est tout l'air qui s'encombre ainsi de lumière, devenant un écran blanc dans un écrin noir, pureté d'ivoire, aveuglant l'être tentant de regarder à travers.
Est-ce la beauté d'une lumière étrange qui changea les ténèbres en éclat?"

mardi 3 novembre 2009

La fleur du souvenir




"Alors que la nuit s'évapore dans les douces couleurs froides de l'hiver urbain, il se souvient d'elle, de son regard triste, de son sourire, de sa folie et de sa vivacité. Il se souvient de la manière qu'elle a de passer ses mains dans ses cheveux pour légèrement se les ébouriffés, l'air de se donner un air aéré, aérien, éthéré. Il se rappelle encore l'odeur un peu poivrée de sa peau. Ses grands yeux brillants. Ca aussi, c'est un beau souvenir. Le contact de sa peau. Moins celui de son corps, il n'ose penser à son corps. Le bruit de ses pas sur les pavés mouillés, les claquements secs et saupoudrés de classe de ses hauts talons hauts.
Il se souvient de tout en longeant les chemins de mer, traçant leur voie et définissant les mondes dans cette ville endormie, qui ne partage son seul secret qu'avec lui. C'est réciproque. Il n'a rien eu à lui offrir mais son seul sourire fut suffisant, apparemment.
Dans cette partie du monde, il fait encore nuit, et il l'aperçoit. Elle sort des ténèbres en déliant lentement ses courbes, comme encore endormie, la voilà qui devient fleur, s'épanouit et lui dit merci.
Il cueille la fleur noyée dans la mer de ténèbres poisseuses d'une nuit encore présente dans les plis mal repassés d'une ville à l'agonie. Il la cueille et sait qu'elle est elle... et qu'il lui donnera à la prochaine occasion, la fleur de son souvenir."

dimanche 1 novembre 2009

A la terrasse d'un bon café




Deux amis se rencontrent chaque jour à la terrasse d'un bon café. Ils y discutent de rien et de tout, de leur vie, des amis, des autres amis qui ne sont pas avec eux aujourd'hui. C'est un rituel auquel ils s'adonnent avec plaisir. Le premier est professeur, le deuxième n'a pas de métier. Chaque jour, le professeur prend la même chose, un café crème avec deux sachets de sucre. Chaque jour, son ami prend une boisson chaude différente. Il aime le changement. Aujourd'hui est un jour un peu à part car c'est le dernier jour où le professeur et son ami vont se rencontrer à la terrasse d'un bon café.
Pour trouver l'explication à ce fait immuable dont aucun des deux protagonistes n'a encore connaissance, il faut avancer dans le temps, et suivre le fil conducteur des hasards tissant désormais des voies différentes pour nos deux personnages. A la sortie du café, en s'éloignant de la terrasse s'endormant déjà de la tombée de la nuit hivernale, le professeur va recevoir un appel de sa femme, qui va lui faire ralentir son allure, jusqu'à l'arrêt complet, ainsi prostré au milieu du trottoir, il oblige deux passantes à détourner leur chemin, descendre sur la voie, faire quelques pas, remonter sur le trottoir, accélérant le pas comme soudain en retard, elles tombent nez à nez avec l'ami du professeur, venant tout juste de quitter, lui aussi, le café. Leur rencontre sera déterminante. L'une des deux femmes épousera deux ans plus tard l'ami du professeur, et l'un comme l'autre se perderont de vue et ne se retrouveront plus jamais à la terasse d'un bon café...

lundi 26 octobre 2009

L'apparition du lapin blanc




"Au bout d'une lumière blafarde, apparut le lapin blanc. Pas celui d'Alice, non, pas assez pressé, pas assez vivant. Deux billes noires, deux taches d'encre qui vous fixent sans vie et pourtant, d'une manière désagréable, on se sent épié. Il débarque sans rien dire, sans prévenir, à peine le temps de mettre la table, de préparer un café et quelques friandises - les gens aiment toujours les friandises. Il débarque sans rien dire et s'assoit à ma table.
- Bonjour, dis-je.
Évidemment, il ne répond rien. Cela m'aurait étonné. Alors je reste en face de lui, j'attends que la lumière maculée, source de l'arrivée de cet animal ni vivant ni robotique, se tarisse, disparaisse de mon salon et me laisse la paix. La paix à moi et désormais mon compagnon de route, silencieux et froid.
Au bout de quelques heures de dialogue de muets, les yeux dans les yeux, contrits, je ne peux me retenir de l'attraper par les oreilles, de le secouer, de le réveiller mais rien n'y fait il ne veut rien me dire, rien faire, rien lâcher.
C'en est fini, j'abandonne, je jette les gants et rend l'éponge... Le lapin a gagné, je quitte le salon et et part vers la lumière.
A moi de polluer son monde de silence et de regards vitreux."

jeudi 22 octobre 2009

Rouge



Rouge, les fleurs que je t'offre.
Rouge, la couleur du ciel le jour de notre rencontre
Rouge, ces cinq lettres vermeilles incrustées sur toile noire
Rouge, le passé oublié que l'on souhaite abandonné
Rouge, peu importe qui je suis voilà ce que je vois
Rouge, ces mots qui ne veulent rien dire mais qui font bien
Rouge, ce mot que l'on répète comme pour donner un sens
Rouge, titre d'un texte sans but aucun
Rouge, voilà que je parle seul, seul à seul, esseulé
Rouge, la tentative de poésie dans un esprit sans prose
Rouge, mais qui es-tu?
Rouge, des couleurs existentielles pour des questions sensées l'être
Rouge, l'être et le désir
Rouge, le désir absolu
Rouge, toi

mardi 20 octobre 2009

Du haut de ma fenêtre



"Du haut de ma fenêtre, j'observe. Petits points blancs, noirs, rouges, glissant sur le sol comme des billes lancées par quelques mains habiles. Personne ne lève les yeux, personne n'ose porter le regard sur ma fenêtre, mais du haut de ma fenêtre je les vois et me demande ce qui peut les inciter à courir ainsi, à marcher ainsi, à rire ou à pleurer ainsi, à parler sans cesse au téléphone ainsi, à traverser au rouge ainsi, à acheter une baguette de pain ainsi. Du haut de ma fenêtre, je ne fais qu'observer et lorsque les rayons du soleil commencent à doucement mourir sur les pierres grises de la façade du mur, une à une, les lumières des autres postes d'observations éclatent, quelques fois par intermittence - le temps d'un passage d'une pièce à l'autre - quelques fois toute une nuit - celui-là est insomniaque. Quelques fois, une tasse de café fumante posée sur le rebord de cette fenêtre, un livre retourné, écartant ses ailes comme pour m'inviter à un autre voyage, j'observe la rue vide, encore endormie, mouillée de la rosée urbaine, ces camions terrifiants projetant des gerbes d'eau pour nettoyer les péchés de la veille, j'observe les pavés qui sèchent en reflétant les derniers lumières d'une nuit que je retrouverais le lendemain.
Du haut de ma fenêtre, je regarde ces petits points humains ne faisant pas attention à moi. Jusqu'au jour où elle lève les yeux, et du haut de ces cinq ans, elle me regarde, m'observe et se demande pourquoi, du haut de ma fenêtre, je ne fais rien, j'observe et puis c'est tout... Demain je fermerais les volets pour plus d'intimité."

Bienvenue

Chers amis, lecteurs, visiteurs de passage, membres d'un collectif pour la libération des opossums,

Je vous remercie d'ores et déjà de faire un détour par ce blog quotidien.

Ici il ne s'agira ni de mettre en avant une oeuvre photographique inexistante (je ne suis pas professionnel de la photo), ni de tenter un pseudo blog tendance avec de jolies photos agrémentées de l'habituelle didascalie "parce que ça fait bien et que peut-être L'EXPRESS fera un article sur moi."

Il s'agit juste d'un exercice quotidien, que je souhaitais partager avec la communauté du net.
Car plus que la technique et le savoir-faire d'un photographe, c'est avant tout l'histoire, la petite ou grande, qui se terre dans les recoins de chaque image, de chaque photo, que je souhaitais faire vivre.
Chaque cliché pris, par vous, par moi, par votre grand-mère, raconte une histoire unique, qui appartient à celui qui la prend.

Je vous invite alors, d'ores et déjà, à vous nourrir de ces histoires, qu'elles égaient votre journée ou vous fassent réfléchir, ou juste vous décrochent un sourire, car ce sera déjà un petit miracle en soit.

La balade peut commencer...