lundi 26 octobre 2009

L'apparition du lapin blanc




"Au bout d'une lumière blafarde, apparut le lapin blanc. Pas celui d'Alice, non, pas assez pressé, pas assez vivant. Deux billes noires, deux taches d'encre qui vous fixent sans vie et pourtant, d'une manière désagréable, on se sent épié. Il débarque sans rien dire, sans prévenir, à peine le temps de mettre la table, de préparer un café et quelques friandises - les gens aiment toujours les friandises. Il débarque sans rien dire et s'assoit à ma table.
- Bonjour, dis-je.
Évidemment, il ne répond rien. Cela m'aurait étonné. Alors je reste en face de lui, j'attends que la lumière maculée, source de l'arrivée de cet animal ni vivant ni robotique, se tarisse, disparaisse de mon salon et me laisse la paix. La paix à moi et désormais mon compagnon de route, silencieux et froid.
Au bout de quelques heures de dialogue de muets, les yeux dans les yeux, contrits, je ne peux me retenir de l'attraper par les oreilles, de le secouer, de le réveiller mais rien n'y fait il ne veut rien me dire, rien faire, rien lâcher.
C'en est fini, j'abandonne, je jette les gants et rend l'éponge... Le lapin a gagné, je quitte le salon et et part vers la lumière.
A moi de polluer son monde de silence et de regards vitreux."

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