mardi 20 octobre 2009

Du haut de ma fenêtre



"Du haut de ma fenêtre, j'observe. Petits points blancs, noirs, rouges, glissant sur le sol comme des billes lancées par quelques mains habiles. Personne ne lève les yeux, personne n'ose porter le regard sur ma fenêtre, mais du haut de ma fenêtre je les vois et me demande ce qui peut les inciter à courir ainsi, à marcher ainsi, à rire ou à pleurer ainsi, à parler sans cesse au téléphone ainsi, à traverser au rouge ainsi, à acheter une baguette de pain ainsi. Du haut de ma fenêtre, je ne fais qu'observer et lorsque les rayons du soleil commencent à doucement mourir sur les pierres grises de la façade du mur, une à une, les lumières des autres postes d'observations éclatent, quelques fois par intermittence - le temps d'un passage d'une pièce à l'autre - quelques fois toute une nuit - celui-là est insomniaque. Quelques fois, une tasse de café fumante posée sur le rebord de cette fenêtre, un livre retourné, écartant ses ailes comme pour m'inviter à un autre voyage, j'observe la rue vide, encore endormie, mouillée de la rosée urbaine, ces camions terrifiants projetant des gerbes d'eau pour nettoyer les péchés de la veille, j'observe les pavés qui sèchent en reflétant les derniers lumières d'une nuit que je retrouverais le lendemain.
Du haut de ma fenêtre, je regarde ces petits points humains ne faisant pas attention à moi. Jusqu'au jour où elle lève les yeux, et du haut de ces cinq ans, elle me regarde, m'observe et se demande pourquoi, du haut de ma fenêtre, je ne fais rien, j'observe et puis c'est tout... Demain je fermerais les volets pour plus d'intimité."

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